Perte d’audition ou perte de mémoire ? découvrez le lien entre ces deux questions

 Nous ne sommes pas en mesure d’échapper aux effets de l’âge, du moins pas à ce stade. Outre les signes visibles (rides), nos sens souffrent également, y compris l’audition. En l’absence de traitement, comme l’utilisation d’appareils auditifs ou de prothèses auditives, les fonctions cognitives peuvent être altérées, de même que la mémoire, d’où le risque de développer une démence.

Les différents types de mémoire

La mémoire peut être divisée en cinq types :

 

  • La mémoire de travail. C’est ce que l’on appelle souvent la « mémoire à court terme ». Elle est utilisée pour manipuler et stocker des informations pendant de brèves périodes de temps afin de mener à bien une tâche ou une activité. Par exemple, ce type de mémoire est utilisé lorsque nous devons nous souvenir d’un numéro de téléphone, mais que nous ne le notons pas.
  •   La mémoire sémantique. Cette mémoire est utilisée pour stocker le langage et les connaissances sur le monde ainsi que sur soi-même. Elle est construite et entretenue par l’apprentissage de concepts à la fois génériques et personnels.
  •   La mémoire autobiographique ou épisodique. C’est le stockage des souvenirs personnels. Elle se forme vers l’âge de 3 à 5 ans. Au fil du temps, les détails des souvenirs s’amenuisent, les éléments communs des différents événements se transformant progressivement en informations.
  •   La mémoire procédurale. C’est la mémoire qui provient d’automatismes (faire du vélo ou conduire ou jouer d’un instrument de musique, etc.), ce type de mémoire est le résultat d’un entraînement répété et finit par devenir une capacité acquise. Elle est extrêmement utile pour les athlètes et les artistes qui cherchent à atteindre l’automatisation et la perfection des mouvements.

  La mémoire perceptive. Elle s’appuie sur les sens et peut être réalisée sans que l’individu s’en rende compte. Elle peut être utilisée pour se souvenir de personnes, de voix ou de lieux.

Presbyacousie

 Il s’agit d’un  dû au processus naturel de vieillissement de l’oreille. Elle touche plus de deux tiers des Français âgés de plus de 70 ans. L’évolution de la maladie est progressive et non apparente pour le patient. Mais, cette audition dégénérative est une affection fréquente que l’INSERM considère comme un « véritable problème de santé publique ».

 En France, il y a beaucoup de Français atteints de presbyacousie qui pourraient être équipés d’un appareil auditif mais qui ne le sont pas. Les premiers signes de cette affection sont d’ordre social, puisque la surdité rend difficile l’interaction avec les personnes qui les entourent. Cela peut conduire à l’isolement puisque la personne n’est pas en mesure de suivre les conversations ou d’entendre la télévision ou la radio, par exemple.

 Si la perte  l’isolement finira par créer d’autres problèmes psychologiques comme l’anxiété, la perte de confiance en soi, la dépression, etc.

Le lien entre les fonctions cognitives et la perte d'audition

 Outre les répercussions sociales, les problèmes de perte auditive peuvent également avoir un impact sur les fonctions cognitives. Les fonctions cognitives sont la capacité du cerveau à voir et à se concentrer, à apprendre de nouvelles informations et à penser, à communiquer, etc. Cette fonction requiert de la concentration, de la mémoire, de l’orientation et la capacité de développer des stratégies pour des circonstances extrêmes.

 Il y a aussi les aspects sociaux de la cognition. Elle nous permet de reconnaître les personnes qui nous entourent, de différencier les différentes émotions et de discerner le monde qui nous entoure.

 Il faut savoir que le lien entre la perte auditive et le déclin des fonctions cognitives a été confirmé par de nombreuses études.

L'étude française de référence

L’étude française de référence sur le lien entre audition et fonctions cognitives est une étude sur l’épidémiologie de l’audition appelée PAQUID. Elle a été menée sur une période de 25 ans. Cette étude a été initiée à la fin des années 1990 dans les départements de la Gironde et de la Dordogne. Près de 377 personnes âgées de 65 ans ou plus y ont participé afin d’examiner le lien entre la perte d’audition, les appareils auditifs, le déclin cognitif et le déclin auditif.

 

 Les résultats sont clairs : les patients souffrant d’une perte d’audition sans appareil auditif ont montré au cours des 25 années d’étude un déclin cognitif plus important que ceux qui n’avaient pas de déficience auditive.

 

 Dans le cas d’une surdité légère, une perte auditive de 25 décibels diminue les performances de la mémoire ; le raisonnement (ou la logique) est similaire aux performances d’une personne de 68 ans.

La perte d'audition et la démence

 Le GRAP sante a mené l’étude entre 2004 et 2007, pour établir s’il existe un lien entre la presbyacousie et la démence : L’étude AcouDem. Elle a été menée sur 319 personnes âgées de plus de 75 ans et placées en institution depuis plus d’un mois.

 Selon les chercheurs, la mémoire se développe et se nourrit d’informations. Cela fait appel aux sens, dont l’ouïe. L’incapacité de cette dernière, lorsque la presbyacousie en est la cause, entraîne une diminution de la stimulation de la mémoire. Cela peut conduire à l’apparition des premiers signes de la maladie d’Alzheimer, qui se concentrent sur la mémoire récente.

 Seulement 45% des patients testés présentaient une presbyacousie et une gêne sociale, et 61% présentaient des troubles cognitifs. Il en ressort que les personnes âgées de plus de 75 ans ont 2,48 fois plus de risques de développer la maladie d’Alzheimer (qui touche 800 000 personnes en France) que celles qui ne souffrent pas de déficience auditive.

Les appareils auditifs peuvent aider à restaurer les fonctions cognitives

 D’après l’étude épidémiologique PAQUID, le port d’une aide auditive peut améliorer, voire restaurer, les capacités de communication et les fonctions cognitives d’une personne malentendante.

 Cette recherche soutient le concept de sensibilisation et de gestion des problèmes d’audition chez les personnes âgées. Les appareils auditifs peuvent ralentir le processus de vieillissement du cerveau et favoriser une meilleure santé physique et mentale (mentale aussi bien que physique). Pourquoi la santé physique ? Sachez qu’une perte auditive non traitée a un impact sur l’équilibre et augmente les risques de chute et d’autres accidents.

L'activité physique et la curiosité : deux moyens d'aider à améliorer la mémoire

La curiosité stimule le cerveau et améliore la mémoire. Bernard Croisile, brillant neuroscientifique à l’HU de Lyon, suggère de diversifier vos activités et vos loisirs. Ne vous limitez pas à un seul type d’activité car cela n’inspire pas la curiosité ou la créativité.

 

 L’activité physique améliore et augmente la circulation sanguine. Cela augmente le niveau d’oxygénation du cerveau ainsi que la formation des connexions neuronales. L’exercice physique empêche le cerveau de s’atrophier et retarde les signes du vieillissement, au moins jusqu’à 90 ans.